Physical Address
304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124
GoFlint a récemment publié son baromètre immobilier « La Vigie », révélant des chiffres pour le moins étonnants. Ainsi, 63 % des biens immobiliers classés F-G ont été vendus ou dépubliés au second trimestre 2024, contre seulement 34 % des biens notés A-B. Ce constat contredit l’idée répandue que les passoires thermiques peinent à se vendre face aux habitations écologiques, souvent perçues comme l’avenir du marché immobilier.
L’analyse de GoFlint s’appuie notamment sur un outil analytique précis : l’indice de viscosité. Cet indice mesure la proportion de biens restant invendus après un trimestre. Une valeur basse indique une vente rapide. De manière paradoxale, les biens avec un DPE A-B présentent un indice de viscosité élevé, témoignant d’un lent écoulement des stocks. A contrario, les passoires thermiques se vendent plus rapidement, malgré leur décote tarifaire importante.
Pourquoi ce phénomène ? Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer. En premier lieu, le prix : les passoires thermiques subissent une décote moyenne de 19,1 % pour un appartement et de 33,4 % pour une maison par rapport aux habitations vertes. Ces différences de prix attirent des acheteurs prêts à investir dans des rénovations énergétiques ultérieures. De plus, la rareté des biens disponibles sur le marché, accentuée par une baisse des constructions neuves, maintient la demande pour ces logements. Une tendance particulièrement visible en dehors de Paris, où seuls les prix des appartements classés F-G ont légèrement diminué de 0,1 % entre avril et juin 2024, contrairement à ceux des biens DPE C-D-E (+0,3 %) et A-B (+0,7 %).
Les habitations vertes, vantées pour leur faible empreinte écologique et leur performance énergétique, ne rencontrent pas l’engouement attendu parmi les acheteurs. En effet, au deuxième trimestre 2024, seulement 18 % des biens notés DPE A ont trouvé preneur. Ce faible taux de ventes s’explique par des prix élevés, aggravés par la réduction des aides publiques pour l’achat de logements neufs, et des réglementations énergétiques de plus en plus strictes.
Cette stagnation des ventes pour les biens DPE A-B se traduit par une viscosité en forte augmentation, atteignant 55 % au deuxième trimestre 2024. Plusieurs raisons expliquent cette tendance : le coût élevé des acquisitions, une demande limitée pour les logements neufs et les incertitudes liées aux réformes énergétiques en cours. Par ailleurs, la baisse des réservations de logements neufs, estimée à 22,4 % en mai 2024 par le Ministère de la Transition écologique, confirme cette prudence croissante des acheteurs.
Ces évolutions mettent en lumière un marché immobilier français en pleine transformation, où les critères économiques semblent souvent l’emporter sur les enjeux environnementaux. La forte demande pour les passoires thermiques pourrait indiquer que les acheteurs préfèrent encore un coût immédiat inférieur à une efficacité énergétique à long terme. Toutefois, cette tendance pourrait être temporaire. En effet, les futures politiques publiques, telles que l’interdiction progressive de la location des passoires thermiques et l’extension des incitations pour les rénovations énergétiques, pourraient inverser ces dynamiques à moyen terme. Le marché pourrait voir croître la demande pour les habitations vertes, soutenue par une conscience écologique croissante et un cadre législatif de plus en plus strict.