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La réalité des « logements bouilloires » se profile comme une nouvelle forme de précarité énergétique estivale. Ce phénomène représente une menace tangible pour la santé de millions de personnes, d’autant plus alarmante qu’elle est négligée par les politiques publiques, jusqu’ici focalisées sur la lutte contre le froid.
Selon un rapport de la Fondation Abbé Pierre, 55% des Français ont souffert d’une chaleur excessive dans leur logement durant l’été 2023, avec une augmentation constante de ce pourcentage depuis 2013. Cela représente une hausse significative de 26% en dix ans.
Les logements insuffisamment isolés et dépourvus de protections contre la chaleur sont les principales causes de cet inconfort croissant. Ce phénomène se trouve particulièrement exacerbé en milieu urbain, où l’effet d’îlot de chaleur peut faire grimper les températures jusqu’à 10°C de plus qu’en zone rurale.
Cette problématique n’est pas exclusivement française. En Europe, les vagues de chaleur ont causé environ 50 000 décès en 2023.
Les conséquences de ces températures élevées sont dramatiques. Le rapport de la Fondation Abbé Pierre estime que près de 5 000 décès en France en 2023 étaient dus aux vagues de chaleur, touchant principalement les personnes âgées de plus de 75 ans.
Les jeunes de moins de 25 ans, souvent locataires de petits logements mal isolés, ainsi que les ménages modestes, sont également particulièrement vulnérables. La Fondation avertit que cette précarité énergétique estivale pourrait s’aggraver sans intervention, alors que les températures continuent de grimper mondialement.
En 2024, plusieurs records de chaleur ont été battus en France et à travers le globe.
La Fondation Abbé Pierre appelle à une révision urgente des politiques de rénovation énergétique. Actuellement axées sur les périodes hivernales, elles doivent également inclure l’adaptation des habitations aux vagues de chaleur.
La Fondation propose notamment l’implémentation d’un « plan grand chaud » visant à protéger les populations les plus vulnérables, tels que les sans-abri. En l’absence de réglementation sur une température maximale dans les logements, ces mesures deviennent indispensables pour prévenir de futures tragédies.
Les prévisions pour les prochaines années sont préoccupantes. D’ici 2050, un Français sur sept pourrait être exposé à plus de 20 jours de chaleur anormale chaque été. Si le réchauffement climatique continue à ce rythme, près de 93% des biens immobiliers français feront face à un risque élevé ou très élevé de vagues de chaleur.
Ces projections mettent en évidence l’urgence de mesures immédiates pour adapter les infrastructures et protéger les populations. La Fondation Abbé Pierre insiste sur l’importance de prendre des actions concrètes pour empêcher que les « logements bouilloires » ne deviennent une réalité courante en France.